Avertissement
( Dans ce poème cryptographique en arménien, la 2ème lettre de chaque vers est une majuscule. Ces lettres mises bout à bout disent ce qui suit:
"O PEUPLE ARMENIEN TON UNIQUE SALUT EST DANS LA FORCE DE TON UNION"
Ce message est devenu dorénavant notre devise nationale.)
MESSAGE
Une lumière nouvelle s'est levée sur le monde,
Qui a apporté ce soleil ?
Voilà un soleil d'or,
Avec son rayonnement de feu !
Dès l'aurore indécise,
Monté sur son palefroi,
Sur le nouveau monde et l'homme,
Il répand sa joyeuse lumière !
Qui a apporté cette vive lumière,
Oh ! qui l'a allumée de sa main, qui ?
Rouge flamboyante, accueillante,
Cette lumière de diamant.
Courbé sous la charge de la vie,
Soumis à un rude esclavage,
Petit ruisseau de sagesse,
Symphonie de folie,
Durant tant d'années, tant de siècles,
Tu as été témoin de l'irréfutable…
Sur les rives ténébreuses,
Où se trouvait notre vieille patrie,
N'y avait-il vraiment pas un fleuve abondant
Qui, de l'esclavage incommunicable,
Coulant, verdâtre, de siècle en siècle,
Dans cette obscurité insensée,
Transportait cette aurore ?
Oh ! cette aurore lointaine
Cachée depuis longtemps dans ses eaux,
Oh ! souhaitant ce lointain…
Courbé sous la charge de la vie,
Esprit impuissant, ruisseau de feu…
Yéghiché TCHARENTZ (1897-1937)
Traduction Louise Kiffer
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mardi 30 octobre 2012
mercredi 10 octobre 2012
DANS LE JARDIN DE L' ENFANCE
DANS LE JARDIN DE L' ENFANCE
Au milieu d'un parc princier et très ancien,
Elancé près du miroir immaculé d'un bassin,
Comme la statue d'un petit archer souriant, plein d'espérance,
Je vois au loin l'espoir de mon enfance…
A part moi, très peu de gens, à peine ma vieille maman,
Connaissent le chemin qui mène à ce jardin abandonné,
Où nous allons encore, quelquefois, chacun son jour,
Ramasser les vieilles fleurs séchées…
Mais plus que les parterres de roses méprisées,
Ce qui m'attire là-bas et que personne ne sait,
C'est la petite statue de mon espoir, debout près de l'eau claire,
Et sous la voûte du ciel pur.
Avec mon enfance, je me rappelle, c'était un joli bambin,
J'aimais le tapement vigoureux de ses pieds au moment du départ,
L'accentuant ainsi de tout son corps vers le ciel,
Comme s'il était lui-même la flèche de son arc…
Allongeant le bras en avant, dans la petite paume de sa main
On aurait cru qu'il cachait les clés inconnues de mon avenir,
Le cellier infini de mon avenir,
Dont je distinguais les portes au loin.
Elle est encore là-bas dans ce jardin, la belle statue de mon espoir,
Elancée près du miroir immaculé du bassin,
Où je vais encore, quelquefois, admirer sa taille, entourée
Des mauvaises herbes humides de mes souvenirs…
Renversé, c'est l'ange tombé du zénith,
C'est la flèche qui est revenue, n'ayant pas encore touché le ciel,
Et l'avenir, dont il avait les clés,
Reste à présent dans le passé, abandonné…
Vahan TEKEYAN (1878-1945)
Traduction Louise Kiffer
Au milieu d'un parc princier et très ancien,
Elancé près du miroir immaculé d'un bassin,
Comme la statue d'un petit archer souriant, plein d'espérance,
Je vois au loin l'espoir de mon enfance…
A part moi, très peu de gens, à peine ma vieille maman,
Connaissent le chemin qui mène à ce jardin abandonné,
Où nous allons encore, quelquefois, chacun son jour,
Ramasser les vieilles fleurs séchées…
Mais plus que les parterres de roses méprisées,
Ce qui m'attire là-bas et que personne ne sait,
C'est la petite statue de mon espoir, debout près de l'eau claire,
Et sous la voûte du ciel pur.
Avec mon enfance, je me rappelle, c'était un joli bambin,
J'aimais le tapement vigoureux de ses pieds au moment du départ,
L'accentuant ainsi de tout son corps vers le ciel,
Comme s'il était lui-même la flèche de son arc…
Allongeant le bras en avant, dans la petite paume de sa main
On aurait cru qu'il cachait les clés inconnues de mon avenir,
Le cellier infini de mon avenir,
Dont je distinguais les portes au loin.
Elle est encore là-bas dans ce jardin, la belle statue de mon espoir,
Elancée près du miroir immaculé du bassin,
Où je vais encore, quelquefois, admirer sa taille, entourée
Des mauvaises herbes humides de mes souvenirs…
Renversé, c'est l'ange tombé du zénith,
C'est la flèche qui est revenue, n'ayant pas encore touché le ciel,
Et l'avenir, dont il avait les clés,
Reste à présent dans le passé, abandonné…
Vahan TEKEYAN (1878-1945)
Traduction Louise Kiffer
lundi 17 septembre 2012
ILS VIENNENT ET S' EN VONT
LES JOURS NÉFASTES VIENNENT ET S’ EN VONT
Les jours néfastes, comme l'hiver, viennent et s'en vont,
Ne pas s'effrayer, ils prendront fin, ils viennent et s'en vont
Les douleurs fraîches de l'homme ne restent pas longtemps,
Comme des clients à la file, elles viennent et s'en vont.
Le malheur, la persécution et l'oppression à la tête des nations
Comme une caravane en voyage, viennent et s'en vont.
Le monde est un jardin fleuri, les hommes sont des fleurs,
Que de violettes, de roses embaumées, viennent et s'en vont !
Que le fort ne se vante pas, que le faible ne s'attriste pas
Différents passages changeants, viennent et s'en vont;
Le soleil, sans crainte, fait jaillir sa lumière,
Les nuages vers l'oratoire, viennent et s'en vont.
Le pays caresse son fils studieux comme une mère,
Les peuples ignares, vagabonds, viennent et s'en vont,
Le monde est un salon, Tchivan, les hommes sont des invités,
Telle est la loi de la nature, ils viennent et s'en vont.
DJIVANI (1846-1912)
Dernier trouvère arménien
traduction Louise Kiffer
Les jours néfastes, comme l'hiver, viennent et s'en vont,
Ne pas s'effrayer, ils prendront fin, ils viennent et s'en vont
Les douleurs fraîches de l'homme ne restent pas longtemps,
Comme des clients à la file, elles viennent et s'en vont.
Le malheur, la persécution et l'oppression à la tête des nations
Comme une caravane en voyage, viennent et s'en vont.
Le monde est un jardin fleuri, les hommes sont des fleurs,
Que de violettes, de roses embaumées, viennent et s'en vont !
Que le fort ne se vante pas, que le faible ne s'attriste pas
Différents passages changeants, viennent et s'en vont;
Le soleil, sans crainte, fait jaillir sa lumière,
Les nuages vers l'oratoire, viennent et s'en vont.
Le pays caresse son fils studieux comme une mère,
Les peuples ignares, vagabonds, viennent et s'en vont,
Le monde est un salon, Tchivan, les hommes sont des invités,
Telle est la loi de la nature, ils viennent et s'en vont.
DJIVANI (1846-1912)
Dernier trouvère arménien
traduction Louise Kiffer
dimanche 16 septembre 2012
A MARSEILLE
Allez vaï Marseille
A l’ombre ou au soleil
Bois ton pastis et chante
Ces refrains de Scotto
Qui t’habillaient si bien
Va donner des conseils
Aux joueurs de pétanque
Parle haut parle fort
Et conteste le point
Mais à l’heure où l’amour
Tel un vent de Provence
Mi-léger mi-violent
Vient perturber tes jours
Allez vaï Marseille
Va courtiser Mireille
Elle t’attend brûlante
Et fais-lui des enfants
Qui auront ton accent
Marseille.
Charles AZNAVOUR
A l’ombre ou au soleil
Bois ton pastis et chante
Ces refrains de Scotto
Qui t’habillaient si bien
Va donner des conseils
Aux joueurs de pétanque
Parle haut parle fort
Et conteste le point
Mais à l’heure où l’amour
Tel un vent de Provence
Mi-léger mi-violent
Vient perturber tes jours
Allez vaï Marseille
Va courtiser Mireille
Elle t’attend brûlante
Et fais-lui des enfants
Qui auront ton accent
Marseille.
Charles AZNAVOUR
jeudi 13 septembre 2012
CONSOLATION
CONSOLATION
Ce soir encore
Nous restons à la lumière d'une bougie.
La mèche de la lampe à pétrole s'est desséchée.
Nous attendons
La distribution de pétrole du mois prochain.
Ce soir encore
Nous restons à la lumière d'une bougie.
Mais pourquoi cette plainte ma chérie,
Puisque dans la maison voisine,
Ils n'ont pas de pain,
Et plus loin ma chérie,
Il y a des gens malades, nus et affamés.
C'est très vilain,
De se consoler ainsi,
Pour se contenter de notre situation.
Faut-il qu' il y ait dans ce monde
De tels hommes
Malades, nus et affamés ?
Haïgazoun KALOUSTIAN (1920-1985)
traduction Louise Kiffer
Ce soir encore
Nous restons à la lumière d'une bougie.
La mèche de la lampe à pétrole s'est desséchée.
Nous attendons
La distribution de pétrole du mois prochain.
Ce soir encore
Nous restons à la lumière d'une bougie.
Mais pourquoi cette plainte ma chérie,
Puisque dans la maison voisine,
Ils n'ont pas de pain,
Et plus loin ma chérie,
Il y a des gens malades, nus et affamés.
C'est très vilain,
De se consoler ainsi,
Pour se contenter de notre situation.
Faut-il qu' il y ait dans ce monde
De tels hommes
Malades, nus et affamés ?
Haïgazoun KALOUSTIAN (1920-1985)
traduction Louise Kiffer
lundi 20 août 2012
A L' OMBRE DES ACACIAS
Le petit vent du soir fait tomber doucement
Les pétales des fleurs imprégnés de parfum.
Sur les âmes descend un rêve de senteurs,
Comme il est agréable ce crépuscule nacré !
Les acacias, ivres de lumière et de chaleur,
Répandent en ondulant un air pur et limpide,
Tandis que tombent en neige les fleurs parfumées
Que tente d’embrasser le vent si empressé.
Et leur lumière, fée séduisante et muette,
Divine beauté aux cheveux argentés,
Descend dans l’enceinte de la fontaine lactée.
L’eau tombe goutte à goutte de fleur en fleur,
Limpide comme une larme lumineuse d’enfant ;
Sa mélodie sanglote, délicieusement.
Le vent du soir verse les pétales des fleurs.
Missak MEDZARENTS (1868-1908)
Traduction Louise Kiffer
mardi 7 août 2012
LETTRE A UN AMI TURC
LETTRE A UN AMI TURC
Tu as une épine dans le pied
Mon frère
J'en ai une dans le cœur,
Pour toi
Comme pour moi
Elle rend les choses difficiles
Inconfortable
La rose a des épines
Si l'on n'y prend garde
Une goutte de sang peut perler au bout des doigts
Mais si l'on fait attention
Elle fait don de sa beauté,
Embellit et parfume nos jours
Allant même
Jusqu'à flatter notre palais
Par ses douceurs.
J'aime les roses
Leurs épines existent
Nous n'y pouvons rien
Mon frère....
Si tu décidais d'extraire
L'épine que j'ai au cœur
Celle que tu as dans le pied
Disparaîtrait d'elle même
Et nous serions toi et moi
Libérés
et frères ...
Charles AZNAVOUR (1924…
Extrait de son livre (Le temps des Avants)
LETTRE A UN AMI TURC Tu as une épine dans le pied Mon frère J'en ai une dans le cœur, Pour toi Comme pour moi Elle rend les choses difficiles Inconfortable La rose a des épines Si l'on n'y prend garde Une goutte de sang peut perler au bout des doigts Mais si l'on fait attention Elle fait don de sa beauté, Embellit et parfume nos jours Allant même Jusqu'à flatter notre palais Par ses douceurs. J'aime les roses Leurs épines existent Nous n'y pouvons rien Mon frère.... Si tu décidais d'extraire L'épine que j'ai au cœur Celle que tu as dans le pied Disparaîtrait d'elle même Et nous serions toi et moi Libérés et frères ... Charles AZNAVOUR (1924… |
Extrait de son livre (Le temps des Avants)
jeudi 2 août 2012
TIGRE DE CIRQUE
" Un tigre de cirque a taillé en pièces
et tué son dompteur.
" Je me demande ce qui l’a mis hors de lui "
Dit le commentateur.
Je ne sais pas.
Comment vous sentiriez-vous
Si vous étiez séparé de votre famille,
Transporté de ville en ville,
Dans une cage,
Rien que ça
Lié à la vie par des techniques
Souffrance/plaisir
Et soumission complète à la performance
Sous la contrainte
Un fouet ; rien que ça !
Si vous étiez un tigre, vous le feriez ?
Vous ne voudriez pas vous sauver ?
Penser à vous échapper
Et en cas de désespoir, tuer
Et révéler votre humiliation infinie
Et votre mort garantie ?
Le faites-vous maintenant,
En tant qu’humain ?
Sinon, alors je comprends
Que vous ne soyez pas sûr
De ce qui a mis le tigre hors de lui,
Monsieur le Commentateur.
Serj TANKIAN (21/8/1967 …)
Extrait de " Cool Gardens "
Traduit de l’anglais par Louise Kiffer
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
___________________________________________PAYS NAÎRI
Chaque mont d’Arménie
Est un Arménien immortel pétrifié.
Chaque mont est un ermite,
Un prince, un roi.
Le mont Arnos est un vaillant berger
Derrière son troupeau dans les collines.
Le Mont Antog, prophète arménien
Cœur en feu, figure en pierre.
L’œil en prière est la Mer de Van ;
Narégatsi est le Mont de Sassoun.
Le Mont Varak, comme un aigle,
Est pétrifié ; regarde, c’est le Père.
Et le Mont Achnag, ô gens d’Achnag,
Vous appelant à Mouch, est votre prince.
L’Arakadz est Vih Charan,
Qui désire le pain de Kars.
L’Ararat est Haïk lithographié
Face à l’espérance d’Erevan.
Hovannes CHIRAZ (1914-1984)
Extrait d’un livre-poème en arménien :
" La poésie dantesque arménienne "
traduction Louise Kiffer
mardi 31 juillet 2012
ETRANGE CREATURE HUMAINE
A la lueur d’une chandelle, dans la pénombre environnante,
Tu poursuis des visions ensoleillées,
Tu tâtonnes, mais tu ne crois pas aux ténèbres.
Du fond pâle de tes larmes embuées,
Tu sais regarder les rayons de l’aurore ;
Sous le voile de deuil, amoureux de l’espoir,
Tu souffres et ne crois pas à tes douleurs.
La chaîne au cou et de pesants liens aux bras,
Tu essaies de déplorer l’envol de l’aigle ;
Et dans la grande prison de cette vie, ceinte d’arcades,
Tu étouffes, tu ne crois pas à tes chaînes.
Epines et pièges te font saigner sur ton chemin,
Mais de tes doigts blessés, ensanglantés,
Tu recherches l’âme resplendissante des fleurs,
Tu hurles à ta douleur et ne crois pas à tes malheurs.
Etrange, étrange créature humaine,
De tes mains tu donnes à la terre des vies fleuries,
Tu sens souffler sur ton visage le vent de la mort,
Tu t’affaisses inanimé, pourtant tu ne crois pas au trépas.
Moushegh ISHKHAN (1913-1990)
Traduction Louise Kiffer
TRISTE MONDE (Zouloum Achkhar)
J’ai aimé, on a enlevé ma bien aimée,
On l’a donnée à un autre, et emmenée.
Ah ! que ce monde est triste !
On a détaché mon cœur, et emmené.
Ma peine est profonde, il n’y a pas de remède,
Il y a un remède, il n’y a pas de solution.
Ah ! que ce monde est triste !
Il n’y a pas d’ami intime.
Elle est partie dans les montagnes,
Ma bien-aimée est partie troublée,
Elle n’était ni une caille, ni une perdrix,
Elle s’est envolée elle est partie.
Mes beaux jours sont passés et partis,
Mes noirs soucis sont restés.
Ah ! que ce monde est triste !
Mes peines profondes sont restées.
Avédik ISSAHAKIAN (1875-1957)
Traduction Louise Kiffer
Poème mis en musique par Komitas Vartabed, sous le titre:
"Sirétsi yares daran..."
lundi 30 juillet 2012
INFORMATION
Information et communication
Sont les composants stressants de notre environnement.
Le grand chandelier des restes de l’omnipotence,
Au centre de notre négligence tragique des déclarations de nos cœurs,
Capturant l’émotion sauvage,
Tannant nos sciences pour atteindre un drame harmonieux,
Exige le meurtre, semble-t-il.
L’humanité ronfle pendant l’accouplement inter-planétaire,
Tandis que les vieux séniles réalisent la fête perpétuelle,
Humant le parfum des berges de l’hiver,
Les cheveux en feu, tournoyant dans la neige,
Les balles implorant leur tir.
Tous les hommes savent qu’ils vont mourir
Dans un monde trop prolixe pour être aimable,
Et trop matérialiste pour être sur la voie de la faiblesse.
Serj TANKIAN (né en 1967)
Traduit de l’anglais par Louise Kiffer
(extrait de " Cool Gardens ")
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Sont les composants stressants de notre environnement.
Le grand chandelier des restes de l’omnipotence,
Au centre de notre négligence tragique des déclarations de nos cœurs,
Capturant l’émotion sauvage,
Tannant nos sciences pour atteindre un drame harmonieux,
Exige le meurtre, semble-t-il.
L’humanité ronfle pendant l’accouplement inter-planétaire,
Tandis que les vieux séniles réalisent la fête perpétuelle,
Humant le parfum des berges de l’hiver,
Les cheveux en feu, tournoyant dans la neige,
Les balles implorant leur tir.
Tous les hommes savent qu’ils vont mourir
Dans un monde trop prolixe pour être aimable,
Et trop matérialiste pour être sur la voie de la faiblesse.
Serj TANKIAN (né en 1967)
Traduit de l’anglais par Louise Kiffer
(extrait de " Cool Gardens ")
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jeudi 12 juillet 2012
TOI TU ES MA "HOURI"
Toi, tu es ma Houri qui embrouilles,
Car tu m’a embrouillé en me trompant, ô gracieuse
En Orient en Occident au Nord et au Sud
Il n’y a pas élancée comme toi, ô gracieuse
Beaucoup d’hommes à ta vue deviennent fous
Viens, ma fleur, sois bonne, je veux danser face à toi,
Avec le mantour, le kamantcha, le tambour, ô gracieuse,
Sayat-Nova a dit : je désire passionnément,
Mourir pour toi (qu’on m’assassine)
Je souhaite , bien-aimée, que tu viennes sur ma tombe
Verser une poignée de terre, ô gracieuse !
(*(houri est un mot persan qui désigne les vierges promises aux bons Musulmans)
(chaque vers est répété plusieurs fois dans le chant)
SAYAT NOVA (1712-1795)
http://www.youtube.com/watch?v=VziJ8q1qqtE
traduction / adaptation Louise Kiffer
dimanche 1 juillet 2012
ARRIVEE DU PRINTEMPS
Des violettes à mes pied, et des lys dans les mains
Et des roses à mes joues, et le printemps dans ma poitrine
Et le ciel dans mon âme, et le soleil dans mes yeux,
Et les sources sur la langue,
Je suis descendu de la montagne à la ville.
Et j’ai marché en bondissant,
Et arrosant les trottoirs de rosée,
De violettes et de roses, et de lys blancs comme neige ;
Et les gens, me voyant, devant leurs yeux fatigués
ont vu un autre monde, ont senti le parfum du printemps
- Quelle fraîcheur ! ont-ils dit, quelle fraicheur !
Et ont ouvert leur lucarne devant moi
Et moi, ouvrant mon cœur,
Je passais en chantant, arrosant les trottoirs de rosée,
De violettes et de roses et de jasmins, avec ferveur,
Comme si une nature vive était devenue adolescente,
Descendue des montagnes à la ville,
Passant comme un conte précieux, de pays en pays,
Distribuant la rosée, des tulipes dans les mains,
L’aurore à nos chants et le printemps aux montagnes.
Hovannes CHIRAZ (1914-1984)
Traduction Louise Kiffer
jeudi 28 juin 2012
KHATCHKARS
Je ne sais pourquoi mais déjà garçonnet
J’embrassais ainsi les khatchkars,
Quand, les pieds nus, avec ma mère,
Je descendais tel un agneau le mont du monastère.
Je les embrasse encore maintenant,
Mais maintenant sachant pourquoi :
Ô ancêtres arméniens, j’embrasse
Vos mains habiles, créant lumière de la pierre.
Qui sur les roches sauvages et brutes,
L'intime force de l’esprit a immortalisé,
Et en embrassant son empreinte sacrée
J’embrasse votre éternité…
Hovannes CHIRAZ (1914-1984)
Je ne sais pourquoi mais déjà garçonnet J’embrassais ainsi les khatchkars, Quand, les pieds nus, avec ma mère, Je descendais tel un agneau le mont du monastère. Je les embrasse encore maintenant, Mais maintenant sachant pourquoi : Ô ancêtres arméniens, j’embrasse Vos mains habiles, créant lumière de la pierre. Qui sur les roches sauvages et brutes, L'intime force de l’esprit a immortalisé, Et en embrassant son empreinte sacrée J’embrasse votre éternité… Hovannes CHIRAZ (1914-1984) |
lundi 18 juin 2012
LAC DE VAN
Ah ! Lac de Van, sans fin, sans fond,
Que mon père regarde toujours avec nostalgie,
Pendant que nos cœurs s’unissent dans la prière !
Son sang est né en moi totalement
Quand ses ancres ont tout lâché
Et fait leurs adieux à sa maison haletante,
Lac devenu symbole de notre tristesse.
Tes vagues intarissables n’ont pas de repos.
Mon père a abandonné la terre de son âme pour toujours,
Et le ciel où sa légende est restée .
Bien qu’il eût vite quitté ce monde,
Il est resté sur terre comme un ouragan flamboyant
Qui te regarde encore pleurer dans le brouillard,
Lac et mer de nos larmes et de nos douleurs !
William SAROYAN (1909-1981)
(traduit de l’anglais par Louise Kiffer)
jeudi 7 juin 2012
HYMNE AU LYS
Gloire à toi, ô lys,
Sainte fleur d’amour et de beauté,
Gloire à toi, demeure de mère-nature,
Merveille qui vient de se réveiller !
Parmi les fleurs de mon jardin
Que tu es belle et majestueuse
Quand telle une reine noble et superbe,
Tu m’exaltes si fréquemment !
Je me demande, enchanté,
Si vers le ciel, oh ! pourquoi ?
Tu essaies de t’élever glorieusement
Pour orner son trône.
Tu es blanche comme la neige,
Pure image des anges,
Nulle trace n’a altéré, même un peu,
Tes pétales de mousseline.
Ton cœur aussi est pur,
Délicat et sublime comme toi,
Que la boue noire de la méchanceté
N’a pas sali affreusement.
Comme ton calice d’où goutte à goutte
Suinte un doux nectar,
Ton âme aussi est une rosée,
Tendresse et bonté incessante.
Daniel Varoujan 1884-1915)
Traduction Louise Kiffer
samedi 2 juin 2012
A LA LUNE
Blanche lune, où vas-tu ?
J’apporte un rayon de lumière ;
Précieuse lune, où vas-tu ?
Dans des récipients d’argent
J’apporte du lait aux malades.
Vas lune , tu pars utilement.
Lune silencieuse, où vas-tu ?
Je vais t’apporter, à toi,
La promesse de ta belle.
Lune, ô lune, tu pars inutilement.
Daniel VAROUJAN (1884-1915)
Traduction Louise Kiffer
JE VOUS PRIE
Je vous prie de ne pas craindre
Si les gens appellent ces ambitieux, simplement des ambitieux et pas des humbles,
Ceux qui sont des vauriens, simplement des vauriens et non pas des nobles;
Ceux qui sont distants, simplement distants et pas présents.
Je vous prie de ne jamais craindre
une parole franche prononcée
Une parole franche ne tue jamais personne
Elle ne fait qu'ouvrir une plaie cicatrisée.
Si tu es un enfant et si tu as faim,
Ne crains jamais de pleurer tout fort
Puisqu'un enfant qui ne crie pas tout fort
Personne ne lui donnera un sein à téter.
Ne craignez jamais de frotter une tasse rouillée,
Ne craignez rien, elle ne pourrira pas.
Ne craignez jamais d'écrire la vérité au sujet de ce qui est faux
Car faire cela ne va pas démentir ce qui est faux
Je vous prie de faire des maths juste pendant quelque temps
Mais à condition de ne pas additionner le juste à l'injuste
Mais de diviser l'injuste par le juste
De ne pas ajouter la sympathie au chagrin
Mais diviser la sympathie par le chagrin.
Ne vous vantez jamais de la question
Mais soyez fier de la solution
Avec entre parenthèses
Le reste et aussi le quotient.
Je vous prie de veiller aussi un peu au psychisme
Si un enfant avec sa triste chanson pleure la mort de ses parents
Je vous prie de ne jamais l'arrêter parce que sa chanson n'est pas assez bonne
Je vous prie de ne jamais m'embêter ni de m'impliquer
Avec de telles questions et d'autres semblables.
Barouïr SEVAG (1924-1972)
Traduction Louise Kiffer
dimanche 27 mai 2012
JE VIENDRAI
Je viendrai
Moi je viendrai, quand tu resteras seul
Sous les ombres mélancoliques du soir
Quand tu enterreras tes rêves brisés
Et t’éloigneras découragé…
Moi je viendrai comme une chanson oubliée,
Tissée de prières, d’amour et de fleurs,
Quand dans ton cœur sans vie, affluera le chagrin
Je t’appellerai vers d’autres rives.
Moi je viendrai quand tu seras triste,
Quand tes rêves seront dissipés pour toujours,
Je prendrai ta main je prendrai ta peine
J’allumerai d’autres lumières dans ton âme…
Vahan TERIAN (1885-1920)
Traduction Louise Kiffer
Moi je viendrai, quand tu resteras seul
Sous les ombres mélancoliques du soir
Quand tu enterreras tes rêves brisés
Et t’éloigneras découragé…
Moi je viendrai comme une chanson oubliée,
Tissée de prières, d’amour et de fleurs,
Quand dans ton cœur sans vie, affluera le chagrin
Je t’appellerai vers d’autres rives.
Moi je viendrai quand tu seras triste,
Quand tes rêves seront dissipés pour toujours,
Je prendrai ta main je prendrai ta peine
J’allumerai d’autres lumières dans ton âme…
Vahan TERIAN (1885-1920)
Traduction Louise Kiffer
vendredi 25 mai 2012
N' ABATS PAS D'ARBRE !
N'abats pas d'arbre
pour mon cercueil
dépose-moi au creux
du tronc d'un vieil arbre
au bord du bois
au sommet de la colline
afin que je puisse
aller trouver
afin que je puisse
aller embrasser
ses racines
et qui sait, peut-être qu'un jour
j'émettrai un jeune arbre
dans la lumière du monde.
Hamo SAHIAN (1914-1993)
Traduction Louise Kiffer
Né dans un village de la région de Sissian,
Hamo Sahian a fait ses études à Bakou.
Son premier recueil " Au bord du Vorodan "
A paru en 1946. Puis ce sont :
La voile
L’arc-enciel dans la steppe
Sur la hauteur
L’Arménie dans les chansons
Avant le crépuscule
Le chant des rives rocheuses…
Homme
La vie que j’ai vécue
Au bois
Ce fut un éclair
Pays…
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jeudi 24 mai 2012
LA COMPLAINTE D'ANI
La complainte d’ANI par A.V. Araradian
Je pleure, assise, la ville d’Ani
Personne ne dit " pleure pas, pleure pas "
Ils disent : Non, qu’elle reste et pleure.
Ah quand entendrais-je " Pleure pas, pleure pas " ?
De nombreux maux je brûle, je souffre,
Je n’ai personne de fidèle
Qui s’approche, compatissant,
Et dit au moins " pleure pas, pleure pas. "
(Refrain)
Ah ! Jeune Haï aies pitié de moi
Vois comment est ton Ani,
Assez pleuré, tu ne me plains pas,
N’est-elle pas désolée, ton Ani ?
Mes jours ont passé en pleurs et douleurs,
A pleurer mes yeux n’y voient plus
Orpheline tel est mon destin,
La chance m’a complètement oubliée.
J’ai perdu des rois,
J’ai à ma tête des rapaces
Qui chantent sans cesse : Ani est finie,
Ani sans maître est démolie.
J’étais Ani habitée,
Me voilà ruines dévastées,
Mes pleurs , mes plaintes et mes soupirs
Sont orphelins abandonnés.
J’étais jadis incomparable ;
Des Haïs la ville royale
Aujourd’hui rasée, anéantie,
Je pleure, assise, solitaire.
Tu es venu, tu as vu, tu te retournes, tu t’en vas,
Pleurant tu dis : adieu !
Aime Dieu, n’oublie pas,
Quand tu approcheras du Massis.
Dis à mon brave Ararat,
Ta pauvre Ani pleure, assise
Dis, quand viendras-tu donner la nouvelle :
Mon Ani, arrête de pleurer ?
(Le jeune Haï)
Arrête tes lamentations Ani,
Que de pleurs pitoyables, Ani
Les Haïs unis viendront ensemble
Tu redeviendras belle, incomparable
Allons ne pleure pas, jolie Ani
Ani, Ani, Ani chérie.
A.V. ARARADIAN (trouvère)
Traduction Louise Kiffer
L'Arménie occidentale était couverte de monuments qui comptaient parmi les joyaux du patrimoine de l'humanité. Beaucoup d'entre eux ont été détruits, intentionnellement ou par négligence, mais il reste encore quelques merveilleuses églises et les impressionnantes forteresses de Cilicie, témoins silencieux des horreurs qui ont été perpétrées devant elles.
Je pleure, assise, la ville d’Ani
Personne ne dit " pleure pas, pleure pas "
Ils disent : Non, qu’elle reste et pleure.
Ah quand entendrais-je " Pleure pas, pleure pas " ?
De nombreux maux je brûle, je souffre,
Je n’ai personne de fidèle
Qui s’approche, compatissant,
Et dit au moins " pleure pas, pleure pas. "
(Refrain)
Ah ! Jeune Haï aies pitié de moi
Vois comment est ton Ani,
Assez pleuré, tu ne me plains pas,
N’est-elle pas désolée, ton Ani ?
Mes jours ont passé en pleurs et douleurs,
A pleurer mes yeux n’y voient plus
Orpheline tel est mon destin,
La chance m’a complètement oubliée.
J’ai perdu des rois,
J’ai à ma tête des rapaces
Qui chantent sans cesse : Ani est finie,
Ani sans maître est démolie.
J’étais Ani habitée,
Me voilà ruines dévastées,
Mes pleurs , mes plaintes et mes soupirs
Sont orphelins abandonnés.
J’étais jadis incomparable ;
Des Haïs la ville royale
Aujourd’hui rasée, anéantie,
Je pleure, assise, solitaire.
Tu es venu, tu as vu, tu te retournes, tu t’en vas,
Pleurant tu dis : adieu !
Aime Dieu, n’oublie pas,
Quand tu approcheras du Massis.
Dis à mon brave Ararat,
Ta pauvre Ani pleure, assise
Dis, quand viendras-tu donner la nouvelle :
Mon Ani, arrête de pleurer ?
(Le jeune Haï)
Arrête tes lamentations Ani,
Que de pleurs pitoyables, Ani
Les Haïs unis viendront ensemble
Tu redeviendras belle, incomparable
Allons ne pleure pas, jolie Ani
Ani, Ani, Ani chérie.
A.V. ARARADIAN (trouvère)
Traduction Louise Kiffer
L'Arménie occidentale était couverte de monuments qui comptaient parmi les joyaux du patrimoine de l'humanité. Beaucoup d'entre eux ont été détruits, intentionnellement ou par négligence, mais il reste encore quelques merveilleuses églises et les impressionnantes forteresses de Cilicie, témoins silencieux des horreurs qui ont été perpétrées devant elles.
lundi 14 mai 2012
ANONYME
Fleur sauvage, quel est ton nom ?Dis, c’est églantine ou verdoyante ?…
Assise à l’ombre d’un mur de clôture
Fleur sauvage, quel est ton nom ?
Blanche, lait ou albâtre,
Fleur odorante, quel est ton nom ?
Dis, tu ne trembles pas un peu
Quand doucement souffle la brise ?
Fleur altière, quel est le nom
De la fée passée près de toi,
Ambrée, agréable et védique,
T’offrant le lustre de son dos ?
Sais-tu , ô fleur, quel est le nom
Du frémissement que t’a causé la brise
Et de la voix qui m’appelle… ?
Missak MEDZARENTS (1886-1908)
(traduit de l’arménien par Louise Kiffer)
Missak Médzarents, de son vrai nom Missak Médzadourian, est né dans le village de Pinnguian près de Kharpet dans le haut pays arménien.
En 1894, sa famille va s’établir à Sébastia où il fréquente le Collège Aramian . De là il est envoyé au collège de la ville Marzevan en Anatolie, près de la Mer Noire où il apprend l’anglais.
En 1902, sa famille s’établit à Constantinople. Il y devient l’élève de l’écrivain Hrant Assadour du Collège Guétronagan et il apprend le français.
Il commence à publier sous des noms d’emprunt dans l’important journal arménien de Constantinople, " Massis ".
En 1905, il est obligé de quitter le Collège Guétronagan par suite de maladie.
En 1907 il publie son premier recueil " L’arc-en-ciel ", apportant une fraicheur et une originalité étonnantes dans la poésie arménienne.
La même année, la parution de son second recueil " Nouveaux vers ", confirmera cette tendance que devait briser sa brusque disparition. Agé de 22 ans, il sera emporté par la tuberculose.
En 1934, son oeuvre sera entièrement publiée en Arménie.
dimanche 13 mai 2012
LENINGRAD
LENINGRAD
Je reviens dans ma ville familière à pleurer,Qui vit dans mes veines, dans les ganglions enflés de l'enfant que j'étais.
Te voilà de retour, avale donc sans tarder
L’huile de foie de morue des réverbères de Léningrad sur les quais.
Reconnais sans tarder cette journée de décembre
Où au goudron funeste se mêle le jaune des œufs.
Pétersbourg ! Je ne veux pas encore mourir :
De mes téléphones tu as gardé les numéros.
Petersbourg ! les adresses, je les possède encor,
Je saurai retrouver les voix de tous ce morts
Dans les noirs escaliers je reçois dans la tempe
Les sonnettes que j’arrache à force de tirer.
Et toute la nuit durant j’attends les invités
Agitant à la porte les chaînes des condamnés
(écrit en décembre 1930)
Ossip MANDELSTAM (1891-1938)
Vers 1920 Ossip Mandelstam a effectué un voyage en Arménie qui l’a enthousiasmé. extrait de son récit:" Sur l'île de Sevan, qui se distingue par deux monuments architecturaux inestimables du VII° siècle ainsi que par les huttes de pisé des ermites pouilleux morts depuis peu, envahies d'orties et de chardons, et guère plus effrayantes que les celliers abandonnés, j'ai vécu un mois, me délectant des quatre mille pieds d'altitude des eaux du lac et m'exerçant à contempler deux-trois dizaines de tombeaux disséminés … "
(Ossip E. Mandelstam "Voyage en Arménie"
Editions ‘L’Age d’Homme’
mercredi 9 mai 2012
MON TOMBEAU
MON TOMBEAU
Vous, ne vous approchez pas de mon tombeau,
Soudain s'éveille une envie de pleurer à chaudes larmes
Mon cœur ne trouve pas un seul pleur.
Que mon tombeau reste au loin.
Là où sont morts le tapage, les chants et les voix,
Qu'autour de moi s'étende un silence éternel,
Qu'on ne se souvienne plus de moi, qu'on m'oublie !
Vous, ne vous approchez pas de mon tombeau.
Laissez se reposer mon cœur fatigué,
Laissez-moi rester au loin, seul,
Que je ne sente pas que l'amour existe, et les chimères et les pleurs.
VAHAN TERIAN (1885-1920)
Traduction Louise Kiffer
dimanche 6 mai 2012
LE SOUVENIR DE MA MAISON
Je cherche avec mes chants, ma maison, devenue souvenir,
Alors que se dégrade de jour en jour, son image intime,
Ma maison est un chant dont je n’ai pas non plus les paroles;
Ma maison est une douce fiancée, que je suis tout seul à aimer.
Je me rappelle l’image de mon père, comme le portrait de Jésus,
Ma mère au visage triste et bon, était encore une jeune fille gracieuse,
Si mon père voyait ma taille et mes yeux pleins de flammes !
Si ma mère savait comme les hommes m’ont battu…
Dans ma pensée ma maison est un œil creusé dans le jour,
Et dans les nuits sombres, me semble être une jeune fille morte
Que j’aime encore…Ensuite je pleure comme un fou ;
Et j’éteins ma chandelle, pour que Dieu ne me voie pas.
Léon Zaven Surmélian ( 1905 – 1995)
Traduction Louise Kiffer
Né à Trébizonde, Léon Zaven Surmélian perd ses parents en 1916 sur le chemin de l’exil. En 1922 il part aux Etats Unis. Il publie son premier recueil en 1924 (‘La lumière joyeuse’), puis il écrit en anglais un roman autobiographique. Il a traduit des contes arméniens et l’épopée ‘David de Sassoun’. Il a été ensuite professeur de littérature à l’Université de Californie.
Je cherche avec mes chants, ma maison, devenue souvenir,
Alors que se dégrade de jour en jour, son image intime,
Ma maison est un chant dont je n’ai pas non plus les paroles;
Ma maison est une douce fiancée, que je suis tout seul à aimer.
Je me rappelle l’image de mon père, comme le portrait de Jésus,
Ma mère au visage triste et bon, était encore une jeune fille gracieuse,
Si mon père voyait ma taille et mes yeux pleins de flammes !
Si ma mère savait comme les hommes m’ont battu…
Dans ma pensée ma maison est un œil creusé dans le jour,
Et dans les nuits sombres, me semble être une jeune fille morte
Que j’aime encore…Ensuite je pleure comme un fou ;
Et j’éteins ma chandelle, pour que Dieu ne me voie pas.
Léon Zaven Surmélian ( 1905 – 1995)
Traduction Louise Kiffer
Né à Trébizonde, Léon Zaven Surmélian perd ses parents en 1916 sur le chemin de l’exil. En 1922 il part aux Etats Unis. Il publie son premier recueil en 1924 (‘La lumière joyeuse’), puis il écrit en anglais un roman autobiographique. Il a traduit des contes arméniens et l’épopée ‘David de Sassoun’. Il a été ensuite professeur de littérature à l’Université de Californie.
mercredi 2 mai 2012
CHANT JUBILATOIRE
Chant jubilatoire au souvenir impérissable de
Stépan Chahoumian
Ton cœur comme un autel en feu, tu fus l'incendie,
Ton cœur brûlé aux nuits piégées, tu fus l'incendie.
Ton cœur rongé par la passion , tu fus l'incendie,
Ta folle fièvre, égide amour , tu fus l'incendie;
Contre-noirceur du monde au mal , tu fus l'incendie,
Comme un drapeau semblable au sang , tu fus l'incendie,
Au loin, sans gîte à ta folie , tu fus l'incendie,
Rose de feu ton cœur ardent vécut l'incendie.
Témoin levé sur son bûcher, tu fus l'incendie,
Ton cœur de feu comme soleil , tu fus l'incendie…
Vahan TERIAN
Traduction Gérard Hékimian
Note – En Arménie, en 1917, les mouvements révolutionnaires se sont développés. L'un des principaux organisateurs fut Stépan Chahoumian.
Lénine ne cachait pas son enthousiasme à voir se développer les idées révolutionnaires.
Mustafa Kemal avait promis à Lénine une révolution socialiste en Turquie.
Lénine lui envoya pour cette opération une importante quantité d'or.
On sait à quoi servit cet or.(1885-1920)
jeudi 26 avril 2012
LA PRIERE
LA " PRIERE " de Siamanto
Le poème ‘
La Prière
Les cygnes, découragés, ont migré
Ce soir, des lacs empoisonnés.
Et des sœurs, tristes, rêvent de frères, sous les murs de la prison.
Les combats ont pris fin dans les champs de lys en fleurs,
Et des femmes pâles suivent les cercueils des passages souterains,
Et chantent, la tête courbée vers le sol.
Oh, hâtez-vous : nos corps souffrants sont gelés dans ces obscurités impitoyables.
Hâtez-vous vers la chapelle, où la vie sera plus clémente,
La chapelle du cimetière où dort notre frère !
Un cygne orphelin souffre dans mon âme,
Et là, sur des corps récemment enterrés,
Il pleut du sang, il coule de mes propres yeux.
Une foule d’estropiés passe le long des sentiers de mon cœur,
Et avec eux passent des aveugles, pieds nus,
Dans l’espoir divin de rencontrer quelqu’un en prière.
Et les chiens rouges du désert ont hurlé toute une nuit,
Après avoir gémi désespérément sur les sables
Pour quelque chagrin inconnu, incomprésensible.
Et la tempête de mes pensées a cessé avec la pluie ;
Les vagues ont été cruellement emprisonnées sous les eaux gelées ;
Les feuilles des énormes chênes, comme des oiseaux blessés,
Tombaient avec des cris d’angoisse.
Et la nuit noire était désertée, comme le vaste infini ;
Et, avec la lune solitaire et sanglante,
Comme une myriade de statues de marbre immobiles,
Tous les corps morts de notre terre se levèrent pour prier l’un pour l’autre.
SIAMANTO (1878-1915)
Traduction Louise Kiffer
Prière’ du poète Siamanto,( Atom Yardjanian) meilleur représentant de la poésie lyrique " a été lu lors du sit-in à ISTANBUL le 24avril. Siamanto aussi a été tué par les voyous de l‘"Organisation spéciale".
samedi 14 avril 2012
LE MASSIS MYSTIQUE
" Assis, je regarde avec nostalgie le Massis mystique,
Mon Massis blessé, montagne des aïeux de mes aïeux. "
Je me demande quelle réponse leur donner
Lorsqu’ils se réveilleront et verront esclave le Massis captif. "
Hovhannes CHIRAZ (1914-1984)
Traduction Louise Kiffer
(frontispice au recueil de poèmes arméniens : ‘Hayots danteagane’
(‘le dantesque des Arméniens’ en commémoration des massacres des Arméniens. Publié à Erevan – 1992.)
Mon Massis blessé, montagne des aïeux de mes aïeux. "
Je me demande quelle réponse leur donner
Lorsqu’ils se réveilleront et verront esclave le Massis captif. "
Hovhannes CHIRAZ (1914-1984)
Traduction Louise Kiffer
(frontispice au recueil de poèmes arméniens : ‘Hayots danteagane’
(‘le dantesque des Arméniens’ en commémoration des massacres des Arméniens. Publié à Erevan – 1992.)
samedi 7 avril 2012
AVANT LA TOMBÉE DE LA NUIT
AVANT LA TOMBÉE DE LA NUIT
Avant la tombée de la nuit, tu as parcouru le monde,
Tu nous apportes l’écho de tous les horizons de la vie
De toutes ses mains usées par le travail, des luttes et des victoires
Ton appel semblable à la lumière sans entrave des rayons de l’aube
Transi et fouetté par la tempête, tu es le feu qui nous réchauffe
Dans l’obscurité maudite, de notre serment tu es la flamme ardente
Flambée éternelle que les esprits en furie
Vocifèrent de leur haine impudente pour t’éteindre à jamais
Il semble parfois que tu vas t’éteindre, cependant chaque jour
Des volontés d’acier t’attisent, te tiennent debout
Et toi haletant, comme un apôtre aux jours de combat
Tu montres le chemin de la lumière pour la grande victoire de l’Humanité.
1934 Missak MANOUCHIAN (1906-1944)
livret édité en arménien chez Elekian en 1946
traduit de l’arménien par Louise Kiffer
Avant la tombée de la nuit, tu as parcouru le monde,
Tu nous apportes l’écho de tous les horizons de la vie
De toutes ses mains usées par le travail, des luttes et des victoires
Ton appel semblable à la lumière sans entrave des rayons de l’aube
Transi et fouetté par la tempête, tu es le feu qui nous réchauffe
Dans l’obscurité maudite, de notre serment tu es la flamme ardente
Flambée éternelle que les esprits en furie
Vocifèrent de leur haine impudente pour t’éteindre à jamais
Il semble parfois que tu vas t’éteindre, cependant chaque jour
Des volontés d’acier t’attisent, te tiennent debout
Et toi haletant, comme un apôtre aux jours de combat
Tu montres le chemin de la lumière pour la grande victoire de l’Humanité.
1934 Missak MANOUCHIAN (1906-1944)
livret édité en arménien chez Elekian en 1946
traduit de l’arménien par Louise Kiffer
mardi 20 mars 2012
LES COUTURIERES
LES COUTURIERES
Elles sont là, devant la machine à coudre
Au premier rayon du soleil
Et coudront jusqu’à la nuit sans relâche,
S’abreuvant de jour jusqu’à tomber de sommeil.
La commande presse, le travail exige du soin,
Il le faut, sinon, c’est le chômage demain
Qui met à la merci de la misère
Dont le spectre est toujours là, montrant ses crocs.
Ainsi besognent-elles pour un patron
Qui les exploite sans pitié.
Révoltée ou soumise, la couturière
Chaque jour pose en tremblant son coeur sur son pain.
Elles sont les prisonnières malheureuses
De la fortune des grandes villes luxueuses
Et leur vie goutte à goutte s’écoule
Dans la coupe de la richesse et des orgies.
Voici les vieilles sans secours dont les mains sèchent,
Les veuves lasses qui ont tout perdu dans la vie,
Les jeunes filles adorables aux rêves sans mesure,
Qui sans se plaindre, engloutissent leur vie dans la misère.
Le travail sacré s’est changé en monstre.
On s’épuise à vouloir lui échapper
Mais sa griffe est puissante, elle asservit
Lentemant les âmes les plus nobles.
Lorque je vois cette lumière dans vos yeux
Qui s’éteint peu à peu pour un morceau de pain,
O mes soeurs, j’ai le coeur qui saigne, je voudrais
De votre épaule ôter le fardeau de la vie.
Et je serre les dents, et je serre les poings,
Haine et vengeance au fond du coeur...
Versez en moi votre souffrance, pour ranimer la flamme
Sacrée, de la lutte contre l’exploitation.
1926 Missak MANOUCHIAN (1906-1944)
Poème dédié aux couturières de ParisRevue "EUROPE" Littérature arménienne" fév.mars 1961, PARIS
Missak Manouchian, héros de la Résistance
Fusillé en 1944 avec 23 compagnons.
Sa vie a inspiré le film " L’Affiche Rouge " de Frank Cassenti
Elles sont là, devant la machine à coudre
Au premier rayon du soleil
Et coudront jusqu’à la nuit sans relâche,
S’abreuvant de jour jusqu’à tomber de sommeil.
La commande presse, le travail exige du soin,
Il le faut, sinon, c’est le chômage demain
Qui met à la merci de la misère
Dont le spectre est toujours là, montrant ses crocs.
Ainsi besognent-elles pour un patron
Qui les exploite sans pitié.
Révoltée ou soumise, la couturière
Chaque jour pose en tremblant son coeur sur son pain.
Elles sont les prisonnières malheureuses
De la fortune des grandes villes luxueuses
Et leur vie goutte à goutte s’écoule
Dans la coupe de la richesse et des orgies.
Voici les vieilles sans secours dont les mains sèchent,
Les veuves lasses qui ont tout perdu dans la vie,
Les jeunes filles adorables aux rêves sans mesure,
Qui sans se plaindre, engloutissent leur vie dans la misère.
Le travail sacré s’est changé en monstre.
On s’épuise à vouloir lui échapper
Mais sa griffe est puissante, elle asservit
Lentemant les âmes les plus nobles.
Lorque je vois cette lumière dans vos yeux
Qui s’éteint peu à peu pour un morceau de pain,
O mes soeurs, j’ai le coeur qui saigne, je voudrais
De votre épaule ôter le fardeau de la vie.
Et je serre les dents, et je serre les poings,
Haine et vengeance au fond du coeur...
Versez en moi votre souffrance, pour ranimer la flamme
Sacrée, de la lutte contre l’exploitation.
1926 Missak MANOUCHIAN (1906-1944)
Poème dédié aux couturières de ParisRevue "EUROPE" Littérature arménienne" fév.mars 1961, PARIS
Missak Manouchian, héros de la Résistance
Fusillé en 1944 avec 23 compagnons.
Sa vie a inspiré le film " L’Affiche Rouge " de Frank Cassenti
mardi 13 mars 2012
SOIF
Mon âme écoute le trépas du crépuscule
Agenouillée sur la terre lointaine de la souffrance
Mon âme boit les plaies de la terre et du crépuscule
Et ressent encore en elle la pluie de ses larmes…
Et les étoiles des vies entièrement massacrées
Si semblables à des yeux disparus
Ce soir dans les vasques de mon cœur
Attendent dans leur désespoir la réanimation.
Et les fantômes de tous les morts, cette nuit,
Vont attendre l’aube de mes yeux et de mon âme,
Afin que pour assouvir la soif de leur vie
Tombe peut-être d’en haut sur eux une goutte de lumière.
SIAMANTO (1878-1915)
Traduction Louise Kiffer
source :
le journal ARAXE en arménien du 25 avril 1954
consacré à la commémoration du deuil d’Avril
Ce poème en arménien :
http://www.armenews.com/IMG/Araxe_25_04_1954.pdf
Agenouillée sur la terre lointaine de la souffrance
Mon âme boit les plaies de la terre et du crépuscule
Et ressent encore en elle la pluie de ses larmes…
Et les étoiles des vies entièrement massacrées
Si semblables à des yeux disparus
Ce soir dans les vasques de mon cœur
Attendent dans leur désespoir la réanimation.
Et les fantômes de tous les morts, cette nuit,
Vont attendre l’aube de mes yeux et de mon âme,
Afin que pour assouvir la soif de leur vie
Tombe peut-être d’en haut sur eux une goutte de lumière.
SIAMANTO (1878-1915)
Traduction Louise Kiffer
source :
le journal ARAXE en arménien du 25 avril 1954
consacré à la commémoration du deuil d’Avril
Ce poème en arménien :
http://www.armenews.com/IMG/Araxe_25_04_1954.pdf
mercredi 7 mars 2012
CHANT FUNEBRE
CHANT FUNEBRE
( Aha Modétsan mahvan jaméres
Al tchém imanar polor tsavéres...)
Voici que s’approchent les heures de ma mort,
Je ne ressens plus toutes mes douleurs,
Je me sépare de toi, ma charmante fleur,
Mais mes pauvres yeux ne cessent de te voir,
Comment me séparer, mon amour est si ardent
Mais c’est inutile, c’est Dieu qui est mon maître.
Patiente un peu, ô mort terrible,
N’as-tu pas pitié de mon cœur douloureux ,
Patiente un peu que je tienne mon amour
Et après cela que je dorme tranquille.
Comment me séparer, mon amour est si ardent
Mais c’est inutile, c’est Dieu qui est mon maître.
Quand je pense que dans un ou deux heures,
Vont me recouvrir, la terre et les vers,
Vont me percer, me perforer de tous côtés,
Mon tendre corps vont le sacrifier.
Comment me séparer, mon amour est si ardent
Mais c’est inutile, c’est Dieu qui est mon maître.
Bedros TOURIAN (1851-1872)
(traduction Louise Kiffer)
Voir la vie du grand et malheureux poète Bedros Tourian dans netarménie :
avec deux de ses poèmes traduits par le Dr. B. Minassian http://www.netarmenie.com/culture/poesie/tourian.php
( Aha Modétsan mahvan jaméres
Al tchém imanar polor tsavéres...)
Voici que s’approchent les heures de ma mort,
Je ne ressens plus toutes mes douleurs,
Je me sépare de toi, ma charmante fleur,
Mais mes pauvres yeux ne cessent de te voir,
Comment me séparer, mon amour est si ardent
Mais c’est inutile, c’est Dieu qui est mon maître.
Patiente un peu, ô mort terrible,
N’as-tu pas pitié de mon cœur douloureux ,
Patiente un peu que je tienne mon amour
Et après cela que je dorme tranquille.
Comment me séparer, mon amour est si ardent
Mais c’est inutile, c’est Dieu qui est mon maître.
Quand je pense que dans un ou deux heures,
Vont me recouvrir, la terre et les vers,
Vont me percer, me perforer de tous côtés,
Mon tendre corps vont le sacrifier.
Comment me séparer, mon amour est si ardent
Mais c’est inutile, c’est Dieu qui est mon maître.
Bedros TOURIAN (1851-1872)
(traduction Louise Kiffer)
Voir la vie du grand et malheureux poète Bedros Tourian dans netarménie :
avec deux de ses poèmes traduits par le Dr. B. Minassian http://www.netarmenie.com/culture/poesie/tourian.php
samedi 3 mars 2012
"JE VOUDRAIS VOIR.."
Je voudrais voir quelle force au monde peut détruire cette race,
cette petite tribu de gens sans importance
dont l'histoire est terminée,
dont les guerres ont été perdues,
dont les structures se sont écroulées,
dont la littérature n'est plus lue,
la musique n'est pas écoutée,
et dont les prières ne sont pas exaucées.
Allez-y, détruisez l'Arménie !
Voyez si vous pouvez le faire.
Envoyez-les dans le désert.
Laissez-les sans pain ni eau.
Brûlez leurs maisons et leurs églises...
Voyez alors s'ils ne riront pas de nouveau,
voyez s'ils ne chanteront ni ne prieront de nouveau.
Car il suffirait que deux d'entre eux se
rencontrent, n'importe où dans le monde,
pour qu'ils créent une nouvelle Arménie. "
William Saroyan (1908-1981)
Traduction Louise Kiffer
Voir aussi de William Saroyan :
Le texte n° 104 : " L’Arménien et l’Arménien "
Et les n° 174 et 175 :
" Vers Bitlis avec William Saroyan "http://armenweb.org/espaces/louise
cette petite tribu de gens sans importance
dont l'histoire est terminée,
dont les guerres ont été perdues,
dont les structures se sont écroulées,
dont la littérature n'est plus lue,
la musique n'est pas écoutée,
et dont les prières ne sont pas exaucées.
Allez-y, détruisez l'Arménie !
Voyez si vous pouvez le faire.
Envoyez-les dans le désert.
Laissez-les sans pain ni eau.
Brûlez leurs maisons et leurs églises...
Voyez alors s'ils ne riront pas de nouveau,
voyez s'ils ne chanteront ni ne prieront de nouveau.
Car il suffirait que deux d'entre eux se
rencontrent, n'importe où dans le monde,
pour qu'ils créent une nouvelle Arménie. "
William Saroyan (1908-1981)
Traduction Louise Kiffer
Voir aussi de William Saroyan :
Le texte n° 104 : " L’Arménien et l’Arménien "
Et les n° 174 et 175 :
" Vers Bitlis avec William Saroyan "http://armenweb.org/espaces/louise
mardi 21 février 2012
LA VIE QUE J’AI VÉCUE
LA VIE QUE J’AI VÉCUE
Vie que j’ai vécue si confuse et longue
Chaque pas coûtait un immense effort,
L’homme était méchant et le ciel de pierre,
Les astres brillaient si loin ô si loin…
En tous lieux régnaient luttes et disputes :
Prétexte de pain, prétexte aux disputes ;
Le morceau de pain
Gisait au creux noir de l’arbre mensonge.
Et quand, à cet arbre, à son déploiement,
Le poison luisait sur tout son feuillage,
Et quoique l’écorce en fût ravinée,
le tronc cependant paraissait en vie.
Et seul respirer prouvait qu’on vécût…
De quelque façon que l’on suppliât
La réponse était le "non" et le "pas"
Le refus encore et la privation.
Se parler en soi était malséant
Comment vouliez-vous que parlât la bouche ?
L’image d’effroi frappait mes étais,
Le bois de mes murs semblait espionner.
Mais toute mon âme était de bonté
Le désir de vivre y vivait toujours
Et toute la foi
Demeurait fidèle au teint de mon sang.
Hamo SAHIAN Hmayak Sahaki Grigorian
Traduction Gérard Hékimian
Vie que j’ai vécue si confuse et longue
Chaque pas coûtait un immense effort,
L’homme était méchant et le ciel de pierre,
Les astres brillaient si loin ô si loin…
En tous lieux régnaient luttes et disputes :
Prétexte de pain, prétexte aux disputes ;
Le morceau de pain
Gisait au creux noir de l’arbre mensonge.
Et quand, à cet arbre, à son déploiement,
Le poison luisait sur tout son feuillage,
Et quoique l’écorce en fût ravinée,
le tronc cependant paraissait en vie.
Et seul respirer prouvait qu’on vécût…
De quelque façon que l’on suppliât
La réponse était le "non" et le "pas"
Le refus encore et la privation.
Se parler en soi était malséant
Comment vouliez-vous que parlât la bouche ?
L’image d’effroi frappait mes étais,
Le bois de mes murs semblait espionner.
Mais toute mon âme était de bonté
Le désir de vivre y vivait toujours
Et toute la foi
Demeurait fidèle au teint de mon sang.
Hamo SAHIAN Hmayak Sahaki Grigorian
Traduction Gérard Hékimian
samedi 11 février 2012
SANS FEU NI LIEU
ANDOUNI
sans feu ni lieu " de Komitas Vartabed
'Mon cœur ressemble à ces maisons en ruine
Poutres rompues, piliers mangés de fentes
Seuls les hiboux, les rapaces les hantent
Je vais me jeter dans l’onde violente
Et servir de pâture aux alevins
O toi maudit qui me mines !
J’ai vu la mer sombre et blanc le rivage
Ne s’y mêlaient pas les vagues sauvages
Qui voit à la mer deux pareils visages ?
Le cœur de l’errant qu’un chagrin ravage
Ah ! que jamais ne soit en deuil le cœur
O toi maudit qui me mines !
KOMITAS Vartabed (1869-1935)
(Soghomon Soghomonian)
(traduit de l’arménien par Léon Robel)
Ce poème figure dans l’anthologie de la poésie arménienne de Rouben Mélik,
dans la rubrique " Poésie antique et populaire "
Mais sans le nom de l’auteur : Komitas
C’est une chanson que chante aujourd’hui, entre autres,
Isabel Bayrakdarian
voir: http://www.youtube.com/watch?v=FX07K5XBSdchttp://www.youtube.com/watch?v=FX07K5XBSdc
Voir aussi : http://www.armenews.com/forums/edit.php?id=69052
au sujet de Léon Robel , traducteur méconnu :
http://www.librairiedialogues.fr/personne/leon-robel/83329/
Léon Robel est né à Paris en 1928. Professeur émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), il est aussi membre de l'Académie nationale Tchouvache, et membre du comité de la revue Europe ; slaviste, poéticien, traducteur et poète.
Récentes publications :
- Je traverse, poèmes, la Nouvelle Revue Française, 1992 -
Aïgui, monographie et traductions, collection Poètes d'aujourd'hui, Seghers 1993
- Histoire de la neige. La Russie dans la littérature française, Hattier 1994 - L'œil des champs. Anthologie de la poésie Tchouvache, Circé/Editions de l'Unesco 1994
- Lili Brik/Elsa Triolet : correspondance 1921-1970, établissement du texte, direction de traduction, introduction et notes, Gallimard 1999
- Ponts de Paris, illustrations de Nikolaï Dronikov, chez le peintre, 2001
- Aïgui, (en russe), éditions Agraf, Moscou 2002.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k129259w.rhttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k129259w.r
sans feu ni lieu " de Komitas Vartabed
'Mon cœur ressemble à ces maisons en ruine
Poutres rompues, piliers mangés de fentes
Seuls les hiboux, les rapaces les hantent
Je vais me jeter dans l’onde violente
Et servir de pâture aux alevins
O toi maudit qui me mines !
J’ai vu la mer sombre et blanc le rivage
Ne s’y mêlaient pas les vagues sauvages
Qui voit à la mer deux pareils visages ?
Le cœur de l’errant qu’un chagrin ravage
Ah ! que jamais ne soit en deuil le cœur
O toi maudit qui me mines !
KOMITAS Vartabed (1869-1935)
(Soghomon Soghomonian)
(traduit de l’arménien par Léon Robel)
Ce poème figure dans l’anthologie de la poésie arménienne de Rouben Mélik,
dans la rubrique " Poésie antique et populaire "
Mais sans le nom de l’auteur : Komitas
C’est une chanson que chante aujourd’hui, entre autres,
Isabel Bayrakdarian
voir: http://www.youtube.com/watch?v=FX07K5XBSdchttp://www.youtube.com/watch?v=FX07K5XBSdc
Voir aussi : http://www.armenews.com/forums/edit.php?id=69052
au sujet de Léon Robel , traducteur méconnu :
http://www.librairiedialogues.fr/personne/leon-robel/83329/
Léon Robel est né à Paris en 1928. Professeur émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), il est aussi membre de l'Académie nationale Tchouvache, et membre du comité de la revue Europe ; slaviste, poéticien, traducteur et poète.
Récentes publications :
- Je traverse, poèmes, la Nouvelle Revue Française, 1992 -
Aïgui, monographie et traductions, collection Poètes d'aujourd'hui, Seghers 1993
- Histoire de la neige. La Russie dans la littérature française, Hattier 1994 - L'œil des champs. Anthologie de la poésie Tchouvache, Circé/Editions de l'Unesco 1994
- Lili Brik/Elsa Triolet : correspondance 1921-1970, établissement du texte, direction de traduction, introduction et notes, Gallimard 1999
- Ponts de Paris, illustrations de Nikolaï Dronikov, chez le peintre, 2001
- Aïgui, (en russe), éditions Agraf, Moscou 2002.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k129259w.rhttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k129259w.r
dimanche 5 février 2012
LES DÉSHÉRITÉS
Ah ! notre cœur plein de soucis et de peines !
Nous n’avons vu ni jour ni soleil.
Hélas notre vie s’est passée en noir,
Nous n’avons rien connu de la vie.
Ils mangent et boivent les riches
A la table opulente de la vie
Nous sommes les bâtards de la terre
Pas de place pour nous dans l’univers.
Que le malheureux pauvre rende son âme,
Et qu’elle nourrisse la terre.
Qu’elle donne au riche son bon pain
Que le riche mange et en profite.
Que le malheureux pauvre goûte l’amertume
Qu’il s’assoie, démuni…
Et pourquoi moi n’ai-je que la pierre ?
Sur la pierre, monde de pierre…
Ah ! notre cœur plein de soucis et de peines !
Nous n’avons vu ni jour ni soleil.
Hélas notre vie s’est passée en noir,
Nous n’avons rien connu de la vie.
Avédik ISSAHAKIAN (1875 – 1957)
Traduction Louise Kiffer d’une vieille chanson arménienne
Nous n’avons vu ni jour ni soleil.
Hélas notre vie s’est passée en noir,
Nous n’avons rien connu de la vie.
Ils mangent et boivent les riches
A la table opulente de la vie
Nous sommes les bâtards de la terre
Pas de place pour nous dans l’univers.
Que le malheureux pauvre rende son âme,
Et qu’elle nourrisse la terre.
Qu’elle donne au riche son bon pain
Que le riche mange et en profite.
Que le malheureux pauvre goûte l’amertume
Qu’il s’assoie, démuni…
Et pourquoi moi n’ai-je que la pierre ?
Sur la pierre, monde de pierre…
Ah ! notre cœur plein de soucis et de peines !
Nous n’avons vu ni jour ni soleil.
Hélas notre vie s’est passée en noir,
Nous n’avons rien connu de la vie.
Avédik ISSAHAKIAN (1875 – 1957)
Traduction Louise Kiffer d’une vieille chanson arménienne
lundi 23 janvier 2012
AH ! COMME J 'AURAIS VOULU !
Ah ! Comme j'aurais voulu
Etre un simple soldat
Me battre sans arrêt contre tous les adversaire de l'Arménie
Sous les puissants remparts d'Ani !
Et rempli d'une vengeance de feu
Frapper pendant des siècles,
Frapper pendant des siècles,
Et avec d'innombrables blessures
Tomber sous les très hauts remparts
Le cœur tranquillisé, me reposer pour l'éternité
Sous les remparts immortels d'Ani !
Avédik ISSAHAKIAN
12 décembre 1955
Traduction Louise Kiffer
Etre un simple soldat
Me battre sans arrêt contre tous les adversaire de l'Arménie
Sous les puissants remparts d'Ani !
Et rempli d'une vengeance de feu
Frapper pendant des siècles,
Frapper pendant des siècles,
Et avec d'innombrables blessures
Tomber sous les très hauts remparts
Le cœur tranquillisé, me reposer pour l'éternité
Sous les remparts immortels d'Ani !
Avédik ISSAHAKIAN
12 décembre 1955
Traduction Louise Kiffer
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