Des violettes à mes pied, et des lys dans les mains
Et des roses à mes joues, et le printemps dans ma poitrine
Et le ciel dans mon âme, et le soleil dans mes yeux,
Et les sources sur la langue,
Je suis descendu de la montagne à la ville.
Et j’ai marché en bondissant,
Et arrosant les trottoirs de rosée,
De violettes et de roses, et de lys blancs comme neige ;
Et les gens, me voyant, devant leurs yeux fatigués
ont vu un autre monde, ont senti le parfum du printemps
- Quelle fraîcheur ! ont-ils dit, quelle fraicheur !
Et ont ouvert leur lucarne devant moi
Et moi, ouvrant mon cœur,
Je passais en chantant, arrosant les trottoirs de rosée,
De violettes et de roses et de jasmins, avec ferveur,
Comme si une nature vive était devenue adolescente,
Descendue des montagnes à la ville,
Passant comme un conte précieux, de pays en pays,
Distribuant la rosée, des tulipes dans les mains,
L’aurore à nos chants et le printemps aux montagnes.
Hovannes CHIRAZ (1914-1984)
Traduction Louise Kiffer