La complainte d’ANI par A.V. Araradian
Je pleure, assise, la ville d’Ani
Personne ne dit " pleure pas, pleure pas "
Ils disent : Non, qu’elle reste et pleure.
Ah quand entendrais-je " Pleure pas, pleure pas " ?
De nombreux maux je brûle, je souffre,
Je n’ai personne de fidèle
Qui s’approche, compatissant,
Et dit au moins " pleure pas, pleure pas. "
(Refrain)
Ah ! Jeune Haï aies pitié de moi
Vois comment est ton Ani,
Assez pleuré, tu ne me plains pas,
N’est-elle pas désolée, ton Ani ?
Mes jours ont passé en pleurs et douleurs,
A pleurer mes yeux n’y voient plus
Orpheline tel est mon destin,
La chance m’a complètement oubliée.
J’ai perdu des rois,
J’ai à ma tête des rapaces
Qui chantent sans cesse : Ani est finie,
Ani sans maître est démolie.
J’étais Ani habitée,
Me voilà ruines dévastées,
Mes pleurs , mes plaintes et mes soupirs
Sont orphelins abandonnés.
J’étais jadis incomparable ;
Des Haïs la ville royale
Aujourd’hui rasée, anéantie,
Je pleure, assise, solitaire.
Tu es venu, tu as vu, tu te retournes, tu t’en vas,
Pleurant tu dis : adieu !
Aime Dieu, n’oublie pas,
Quand tu approcheras du Massis.
Dis à mon brave Ararat,
Ta pauvre Ani pleure, assise
Dis, quand viendras-tu donner la nouvelle :
Mon Ani, arrête de pleurer ?
(Le jeune Haï)
Arrête tes lamentations Ani,
Que de pleurs pitoyables, Ani
Les Haïs unis viendront ensemble
Tu redeviendras belle, incomparable
Allons ne pleure pas, jolie Ani
Ani, Ani, Ani chérie.
A.V. ARARADIAN (trouvère)
Traduction Louise Kiffer
L'Arménie occidentale était couverte de monuments qui comptaient parmi les joyaux du patrimoine de l'humanité. Beaucoup d'entre eux ont été détruits, intentionnellement ou par négligence, mais il reste encore quelques merveilleuses églises et les impressionnantes forteresses de Cilicie, témoins silencieux des horreurs qui ont été perpétrées devant elles.