Un jour d'automne, au retour de l'école, me voyant revenir
Le cœur brisé, ma mère me demanda doucement :
" Pourquoi es-tu si triste , mon fils ?"
Je n'ai pas su tout de suite comment m'exprimer,
Aussi s'approcha-t-elle encore une fois de moi et me demanda:
"Qu'est-il arrivé, mon cher enfant ?"
Tu sais, maman, le père de mon ami Hovnan est mort,
Lui qui n'a déjà plus sa mère;
Tout ce qui lui reste, c'est une grand'mère.
Ma mère devint vraiment triste en entendant mes paroles,
Elle m'embrassa sur les yeux, me serra dans ses bras, et me dit aussi:
Ne t'inquiète pas, mon cher Ashot,
Ton ami ne restera ni pauvre, ni nu,
Nous essaierons de l'aider autant que possible".
Maintenant tous les matins, en route pour l'école,
Ma mère prépare soigneusement,
Mon panier de déjeuner pour l'école.
Elle met deux portions de petit déjeuner,
Une pour moi et une pour mon ami,
Elle a cousu deux habits neufs,
Un pour moi et un pour mon ami.
Elle achète des jouets pour moi,
Un pour moi et un pour mon ami.
Elle nous accompagne au théâtre,
Mon ami et moi.
Ma mère m'assure toujours,
De sa voix tendre et aimante,
"Qu'il ne sente jamais, tant qu'il vit,
qu'il est un orphelin dans ce monde".
Dans cette grande patrie florissante,
Qui est la sienne,
Qu'au lieu d'avoir un seul enfant,
J'aie le plaisir d'élever encore un autre enfant.
SARMEN (1901-1984)
traduction Louise Kiffer