Rechercher dans ce blog

dimanche 13 novembre 2011

AUX ORPHELINS DE CORFOU

O Corfou, dans l’anneau de ton charme,
Tu me tiens et m’emmènes…
O toi, jardin jeté sur les eaux,
Tu berces et berces mon cœur avec le mouvement de tes flots !
O combien t’ont choyée, embrassée, les vagues,
Combien de creux ont-elles faites
Dans tes rives…T’abandonnant à elles,
Comme tu es restée fraîche et propre… !
De tes vallées
Et des flans rocheux de tes collines,
Combien d’oliviers, avec des bras ouverts,
Doux, apaisants, descendent jusqu’à la mer…
Tes orangers épais, ombre parfumée,
Recouvrent les plaines,
Tandis que ton ciel nocturne, si pur,
Est une forêt obscure constellée d’oranges…
Qu’il était bon, Corfou, d’oublier dans tes bras
Présent et passé…
Au-dessous de ton azur, au-dessus de ton azur,
Etre comme un arbrisseau, immobile et léger… !
Mais voici que des yeux anxieux, affligés
S’allument, s’éteignent…
Et moi j’avais oublié que la mer a traîné et apporté
Aussi jusqu’ici un enfer de douleur…
O Corfou, l’anneau de ton charme, soudain,
Je le trouve brisé…
Berceau jeté sur les flots,
Berce, toi, berce les cœurs des enfants arméniens…


                                    Vahan TEKEYAN (1878-1945)
                                    Traduction Louise Kiffer