Si l’on me donnait un diadème et un sceptre de diamants
Je te les offrirais Arménie, reine des reines !
Si l’on me donnait un manteau de pourpre éclatant,
Je le jetterais sur ton épaule, ô ma mère, pauvre Arménie !
Si l’on me donnait le feu et la flamme des jours de ma jeunesse,
C’est à toi Arménie, que j’offrirais mon enthousiasme et mon extase !
Si l’on me donnait le cours infini des siècles, je te donnerais
Avec amour, Arménie, ma vie et mon âme !
Si l’on me donnait le cœur et l’amour d’une vierge
Au teint de lis, c’est toi que je choisirais, Arménie,
Unique amour de mon cœur !
Si l’on me donnait une couronne de perles pour mon front,
Je préférerais, Arménie, une larme de tes yeux !
Si l’on me donnait une fière liberté absolue, je préférerais encore,
Arménie, ton sublime esclavage !
Si l’on me donnait pour patrie la superbe Europe, c’est toi
Arménie que je demanderais avec toutes tes douleurs !
S’il m’était donné de choisir le séjour de mon cœur, je dirais
Que tes ruines, Arménie, sont le paradis pour moi !
Si l’on me donnait la lyre aux cordes de flamme de l’ange,
C’est toi, Arménie, que je chanterais de tout mon souffle !
Korène de LUSIGNAN (1831-1893)
(traduit en français par le poète Minas Tchéraz, en 1890)