Toi, ne crois pas aux yeux souriants.
Souvent ce sont des fleurs luisantes,
Poussant au fond d’un ravin perdu,
Pour attirer les hommes candides.
Voilà le poète enivré par la séduction,
Déjà captif des yeux souriants.
Ah ! qu’il a été tourmenté, a tant souffert d’être dupé,
Et que de plaintes dans son cœur…
Toi, ne te laisse pas trop prendre par les yeux souriants
Souvent ce sont des fleurs luisantes,
Qui germent sur les ruines du cœur
Pour couvrir les tristes décombres.
Un homme qui a souffert, voilà le poète,
Qui a tant de plaintes dans le cœur.
Mais souvent il sourit si joyeusement !
On dirait qu’il a plus de chance que toi.
Hovannès TOUMANIAN (1869-1923)
Traduit de l’arménien par Louise Kiffer