Quand les portes vertes du printemps s'ouvrirent
Les sources de Bingoel devinrent des lyres.
Les chameaux deux par deux passèrent en file
Ma bien-aimée partit aussi dans les pâturages de Bingoel.
Je languis du visage lumineux de ma précieuse bien-aimée,
de sa taille fine, de ses cheveux ondulés,
de sa douce langue, de son parfum suave,
je languis de cette biche aux yeux noirs de Bingoel.
Eaux fraîches, si fraîches, ma lèvre assoiffée ne s'ouvre pas,
Fleurs ondoyantes, mes yeux en larmes ne s'ouvrent pas,
Tant que je ne vois pas ma bien-aimée, mon cœur ne s'ouvre pas.
Que m'importent, hélas, les rossignols de Bingoel !
Je me suis égaré, les chemins ne me sont pas familiers,
Les innombrables lacs, fleuves et rochers ne me sont pas familiers.
Je suis un émigré, ces lieux ne me sont pas familiers.
Dis, ma sœur, lequel est le chemin de Bingoel ?
Avédilk ISSAHAKIAN
Traduit de l'arménien par Louise Kiffer